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Le Petit Prince atterrit à Punggol.

Ce 11 juillet, une sculpture du Petit Prince a été dévoilée à la bibliothèque régionale de Punggol en présence de son auteur, Français basé à Bangkok, et de plusieurs personnalités locales et françaises.

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Le Petit Prince à la bibliothèque régionale de Punggol (copyright NLB)
Écrit par Jean-Michel Bardin
Publié le 13 juillet 2023, mis à jour le 15 juillet 2023

Que fait le Petit Prince à la bibliothèque régionale de Punggol ?

L'apparition d'une statue du Petit Prince dans un lieu aussi excentré d'un pays si loin de la France peut surprendre. Mais il y a des explications à cela. 

Tout d'abord, 2023 est le 80ème anniversaire de ce best-seller international qui a été publié à New-York où résidait alors son auteur, qui a été traduit en plus de 500 langues et dialectes (dont les quatre langues officielles de Singapour et le Singlish) et qui est l'ouvrage non religieux le plus diffusé au monde. Compte tenu de la longue coopération culturelle entre Singapour et la France, c'était l'occasion de léguer à la cité-état le témoignage d'un des fleurons de la littérature française, qui porte un message universel d'amitié, d'où le choix d'une bibliothèque publique pour l'accueillir.

Ensuite, 2023 est aussi l'année de l'ouverture de la bibliothèque régionale de Punggol, il y a 3 mois. Le thème de cette bibliothèque est le développement durable, sujet cher au cœur d’Antoine de Saint-Exupéry, pour qui, comme l’a rappelé Madame l’Ambassadrice de France à Singapour, « Nous n'héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l'empruntons à nos enfants ». La sculpture est placée dans l’étage dédié aux enfants, et plus précisément dans la zone baptisée « World and Us », qui invite à la découverte du monde et de sa diversité. Ce thème, au cœur de l’identité singapourienne, est aussi le résultat de l’expérience de l’auteur du livre qui a volé sur les cinq continents.

Ce n’est pas la première fois que le Petit Prince s’invite à Singapour et c’est d’ailleurs à Singapour que les sculptures d’Arnaud Nazare-Aga ont été présentées pour la première fois en 2015 à l’hôtel Fullerton et à l’Alliance Française. Une autre exposition a eu lieu en 2018-2019 dans le bâtiment qui était alors le musée de la philatélie, et qui, après cette exposition, est devenu étrangement le musée des enfants (children’s museum). Mais, cette fois-ci, ce n’est plus une simple visite : ce Petit Prince va rester à Singapour, grâce a cette donation de la Fondation Antoine de Saint Exupéry pour la jeunesse et d’Arnaud Nazare-Aga.

Une cérémonie simple et touchante

La statue a été dévoilée lors d’une cérémonie à laquelle ont contribué le Docteur Janil Puthucheary, secrétaire d’État au ministère de la communication et de l’information et élu de la circonscription de Punggol, Madame Minh-di Tang, ambassadrice de France à Singapour, Nicolas Delsalle, directeur général de la fondation Antoine de Saint Exupéry pour la jeunesse, Arnaud Nazare-Aga, le sculpteur, et Hossan Leong, le plus francophile des artistes singapouriens, qui nous a lu les trois premiers chapitres du livre en anglais.

La participation à la cérémonie d’élèves de l’école maternelle située dans le même bâtiment et de membres du club du troisième âge de Punggol a amené une touche d’intimité, tout en rappelant que le petit Prince est destiné a tous, sans distinction d’âge, de genre, de culture, de religion, ou de statut social. L’arrivée de la sculpture est accompagnée de plusieurs activités, dont un parcours interactif, ouvert jusqu’au 30 septembre, présentant le personnage du petit prince ainsi que des jouets du Mint museum of toys.

 

Le Petit Prince Punggol Regional Library Singapore
Les participants à l’inauguration de la sculpture (copyright Firdaus Ridwan)

 

Arnaud Nazare-Aga et le Petit Prince : une rencontre entre hasard et destinée

L’irruption du petit Prince dans la vie professionnelle d’Arnaud a été tout d’abord le fruit du hasard. Nicolas Delsalle, de la Fondation Antoine Saint Exupéry pour la jeunesse, en visite à Bangkok, est tombé sur une sculpture de Sumo XXL, créée par Arnaud, dont l’énorme ventre pouvait ressembler à un globe similaire à la planète du petit Prince. Curieux, Nicolas est allé voir Arnaud et lui a demandé s’il était partant pour créer des sculptures du Petit Prince pour non-voyants. Arnaud était au départ très réservé, sachant qu’au-delà des illustrations du livre, chacun imagine le Petit Prince à sa façon : le figer en trois dimensions pouvaient heurter beaucoup. L’absence de rémunération n’arrangeait pas les choses. Arnaud s’est quand même lancé dans l’aventure et ne le regrette pas aujourd’hui. Ses sculptures ont fait le tour du monde : elles ont été présentées deux fois à Singapour, à Hong Kong, dans un musée national en Corée, à Lyon, Toulouse, Bruxelles, et maintenant en permanence dans un musée a Jeju en Corée, qui va bientôt être relocalisé à Seoul après moins d’un an d’ouverture. D’autres expositions sont prévues dans les prochains mois. Mais il n’en menait pas large en 2015, au lancement de l’exposition à l’Alliance Française, où les sculptures étaient présentées dans l’obscurité.

Trois semaines après sa rencontre avec Nicolas, Arnaud a appris de la bouche de son père que Saint Exupéry n’était pas étranger à la famille. Son grand-père, Djibraïl Khan Nazare-Aga, s’est engagé à 16 ans dans la Légion Étrangère dès le début de la première guerre mondiale. Il est aussi volontaire pour suivre la formation de pilote dont il obtiendra le diplôme numéro 5262 à 17 ans. Il deviendra ainsi le plus jeune pilote perse de l’histoire et sera naturalisé français en 1922. Comme un des pionniers de l’aviation française, il a été amené à présider l’association des officiers pilotes de France et, à ce titre, rencontré plusieurs fois Antoine de Saint Exupéry. Le hasard veut même qu’il ait obtenu son brevet de pilote sur l’aéroport d’Ambérieu en Bugey, où l’auteur du Petit Prince a eu son baptême de l’air.

Par ailleurs, de 14 ans a 28 ans, Arnaud a vécu dans un temple bouddhiste en France, dont il a suivi les enseignements. Il a appris l’art de la sculpture en participant à la décoration de temples sous la direction de grands artistes asiatiques. Or, les messages du Petit Prince ne sont pas sans rappeler les enseignements du bouddhisme : impermanence, vanité des plaisirs matériels, aller au-delà des apparences, … Comme le bouddhisme, le Petit Prince peut être lu à plusieurs niveaux en fonction de notre maturité spirituelle.

 

Le Petit Prince Punggol Regional Library Singapore Arnaud Nazare-Aga Jean-Michel Bardin
L’auteur de la sculpture en compagnie de son œuvre et de l’auteur de l’article (copyright Firdaus Ridwan)

 

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